Le joint de dilatation est probablement un des termes de construction qui subit le plus d’abus de langage.
Carrelage, parquet, murs, façades, de nombreux joints sont utilisés dans la construction. Pour autant, tous ne sont pas des joints de dilatation.
Découvrez dans cet article quel est le véritable joint de dilatation, ses avantages et dans quels cas l’utiliser.
Joint de dilatation : définition et utilisations
Qu’est-ce qu’un joint de dilatation ?
Le joint de dilatation, ou joint de mouvement, est un joint placé dans la dalle avant le coulage du béton.
Le joint de dilatation peut être en PVC, en caoutchouc, en silicone ou en métal et s’adapte aux dalles comme aux chapes.
À quoi sert un joint de dilatation ?
Les différentes parties d’un ouvrage en béton ne sèchent pas toujours à la même vitesse. Ce phénomène peut provoquer des déséquilibres et conduire le béton à se fissurer.
Une fois sec, les variations de température peuvent également conduire à la fissuration du béton qui se rétracte et se dilate sous leur effet.
En absorbant les variations de dimensions du matériau, le joint de dilatation empêche que le béton ne se fissure en durcissant ou à cause des variations de température. Ce joint permet également de préserver les capacités mécaniques de résistance du béton et d’éviter un affaissement de la dalle.
Joint de dilatation : dans quels cas l’utiliser ?
Le joint de dilatation d’un mur ou d’une dalle d’un grand ouvrage
Le joint de dilatation est couramment employé dans la construction de murs ou de dalles de plus de trente mètres.
Leur usage est par conséquent, généralement réservé aux grands ouvrages tels que :
- Des bâtiments,
- Des voiries,
- Des trottoirs,
- Des parkings,
- Etc.
Le joint de dilatation dans le cas de deux bâtiments mitoyens
Comme beaucoup de matériaux, le béton se contracte sous l’effet du froid et se dilate sous l’effet de la chaleur. Ce phénomène de dilatation peut poser des problèmes dans les constructions, notamment dans le cas d’un bâtiment mitoyen.
Une construction accolée à un bâtiment voisin risque de le “pousser” littéralement en été lorsque le béton se dilate. Pour éviter ce phénomène, le constructeur ménage un espace de quatre centimètres entre les deux bâtiments, justement nommé joint de dilatation.
La réalisation et les avantages d’un joint de dilatation
Comment réaliser un joint de dilatation d’un ouvrage en béton ?
Le joint de dilatation doit permettre au béton soumis aux variations de températures de se dilater sans contrainte sur l’épaisseur complète de la dalle.
D’une largeur variant entre cinq et 25 millimètres, le joint atteint jusqu’à six mètres de longueur et doit couvrir toute la largeur du dallage ou du mur.L’espace entre les joints de dilatation est d’environ 15 à 20 centimètres.
L’installation d’un joint de dilatation comporte plusieurs étapes :
- Préparation de la surface
La première étape consiste à positionner le coffrage, auquel il faut ajouter le hérisson avant de le tasser avec un mélange de graviers et de sable.
Dans l’objectif d’éviter les remontées capillaires, il convient ensuite de placer une large bande de film polyane vers l’intérieur du béton. Un trait doit être tracé afin de matérialiser chaque endroit où installer les joints de dilatation.
- Installation du joint de dilatation
À ce stade, il faut appliquer les joints aux endroits prévus et les faire tenir à l’aide de pierres plates ou de petits plots de ciment. Le coulage du béton peut être effectué seulement lorsque ces plots ont durci.
- Pose du treillis
Une fois le joint de dilatation posé, il convient d’installer le treillis soudé sans toucher le joint. L’utilisation de petites cales en bois d’environ quatre centimètres de hauteur permet de s’en assurer.
Les avantages d’un joint de dilatation
Robustes, les joints de dilatation s’avèrent indispensables pour préserver l’intégrité des constructions en béton. Leur utilisation permet de prévenir la fissuration, la fragilisation, voire la cassure d’une dalle ou d’un mur.
Les différents types de joint
Joints de fractionnement
Le béton, en séchant, a tendance à se rétracter et cela crée des tensions internes qui génèrent des fissures. Plus la distance coulée est grande, plus le retrait du béton est important et donc plus les fissures sont grandes.
Pour éviter ce phénomène, il convient de fractionner les grandes surfaces en petites surfaces. Dans ce cas de figure, les “joints de dilatation” sont en fait des joints de fractionnement.
Quelques exemples de joints dûs au retrait du béton :
Grandes dalles et voiries en béton : il convient d’effectuer un trait de scie tous les X mètres (selon le type de béton, les conditions locales) pour libérer les tensions dues au retrait. Il est également possible de réaliser les joints avant coulage entre les panneaux de dallage.
S’il est difficile de mettre en place un joint de retrait, il reste la possibilité de réaliser un “joint à clavetage différé”.
Cette technique est relativement simple : il suffit de couler la dalle par morceaux de surface modérée et de laisser des bandes ferraillées tout autour. Après 90 jours, lorsque l’essentiel du béton a effectué son retrait, il convient de couler ces bandes ferraillées. Ainsi, la dalle ne subit pas de tensions internes trop importantes, sans joint de retrait.
Tabliers de ponts en béton : des joints en baïonnette sont souvent réalisés au niveau des appuis.
Chapes de ciment / sable non-structurelles : pour éviter la fissuration de la chape et les dommages sur le revêtement de sol (carrelage), il faut créer des joints de fractionnement tous les 25 à 40 m2 et des joints périphériques tout autour de la chape.
Joints parasismiques
Pour éviter l’entrechoquement entre deux bâtiments voisins, qui se révèle très destructeur lors de gros séismes, un joint de six centimètres minimum doit être réalisé. Comme ce joint se situe exactement au même endroit que le joint de dilatation, la confusion des termes est inévitable.
À noter une différence cependant : le joint parasismique doit impérativement être rectiligne, sans baïonnette, sur toute la hauteur de la construction, contrairement au joint de dilatation.
Joints de construction
Également appelé joint d’arrêt de coulage, le joint de construction sert à isoler deux bétons d’âges différents.
Joints de désolidarisation
Le joint de désolidarisation, ou joint d’isolement, est couramment employé pour désolidariser la dalle d’un obstacle susceptible de gêner son libre mouvement (mur, seuil de porte, regard, poteau, etc.).
Un joint de dilatation sert à absorber les changements de dimension d’un matériau sous l’effet des changements de température.
Un joint de dilatation doit être choisi en tenant compte de son emplacement, des mouvements de l’ouvrage, des charges supportées par le matériau, de la pose choisie pour le joint et de son étanchéité ainsi que de la finition souhaitée et du budget.