Avant d’entreprendre des travaux d’ouverture de mur dans un appartement ou une maison que vous venez d’acquérir, il convient de vérifier si le mur en question est porteur ou non.
Savoir ce qu’est un mur porteur pour mieux le reconnaître
Définition d’un mur porteur
Un mur porteur est un mur de structure portant une charge verticale autre que son propre poids et les équipements directement attenants (étagères, lavabo, etc.).
Un mur porteur a donc pour vocation de supporter la charpente et les planchers d’un bâtiment. Grâce aux murs porteurs, les déformations dues à des poussées horizontales sont évitées.
Quel matériau constitue un mur porteur ?
Il n’existe pas un seul matériau possible pour la réalisation d’un mur porteur. Les trois matériaux de construction les plus répandus dans la construction de ces murs en France sont le béton armé, le parpaing creux et la brique creuse.
Chacun de ces matériaux peut être utilisé pour un mur porteur ou pour une cloison non porteuse. Il ne faut donc jamais tirer une conclusion sur la base seule du matériau pour savoir si un mur est porteur ou pas.
Mur porteur ou non : comment savoir ?
Les astuces qui suivent n’ont pas vocation à faire de vous des professionnels aptes à analyser la structure des bâtiments et d’avoir une astuce infaillible pour savoir si un mur est porteur ou non.
Si vous désirez réaliser une ouverture dans un mur porteur ou si vous envisagez d’en détruire un, il convient donc de faire appel à un BET (Bureau d’Études Techniques) ou à un bureau de contrôle pour identifier la structure porteuse avec certitude.
Découvrez nos six astuces pour obtenir des indices sur la nature d’un mur et ainsi savoir si ce dernier est porteur ou non.
1. Sondez les matériaux à l’oreille
Bien que le matériau en lui-même ne permette pas de déterminer si un mur est porteur, il est tout de même judicieux d’essayer d’identifier les matériaux. Plus précisément, il convient de repérer les changements de matériaux, qui ont souvent lieu à l’interface porteur/non porteur.
Pour distinguer une cloison d’un mur porteur, essayez donc de taper dessus, à différents endroits. Si vous distinguez un bruit creux sur un mur et un bruit plus sourd sur le mur adjacent (vous pouvez également ressentir une dureté supérieure du mur), il est possible que vous ayez identifié un mur porteur.
Cette astuce est surtout utile lorsque les murs porteurs sont en béton et les cloisons en placo, en briques ou en parpaings creux.
Cette astuce est à prendre avec précaution. En effet, de multiples couches d’enduit peuvent faire sonner creux un mur de pierre de 40 cm. Pour en avoir le cœur net et vérifier votre hypothèse, armez vous d’une massette et creusez jusque derrière l’enduit pour voir les matériaux qui composent le mur.
Encore une fois, ce n’est qu’un indice. Si la plupart des constructions utilisent le même matériau pour les murs porteurs, il existe encore des bâtiments qui allient béton et parpaings, parpaings et briques, etc. dans la structure porteuse.
2. L’emplacement du mur
L’emplacement d’un mur est une grande indication : en façade, les murs sont porteurs à coup sûr.
Si le bâtiment est de grande taille, il est fort probable que les murs en son centre soient porteurs.
Notez que cet indice est plutôt une supposition, car l’emplacement d’un mur porteur dépend, en plus de la superficie de l’habitation, du type de charpente.
3. L’épaisseur du mur
L’épaisseur d’un mur permet également de savoir si un mur est porteur. Les murs porteurs sont généralement plus épais qu’une cloison non porteuse.
Dans une construction moderne, l’épaisseur minimale d’un mur porteur est d’une quinzaine de centimètres environ.
Il est toutefois plus difficile de faire une généralité pour les constructions anciennes.
4. Les plans de la maison
Consultez les plans d’origine de la maison ou de l’appartement. Ces derniers vous permettent de visualiser les murs porteurs sans vous tromper.
Les lignes pleines et épaisses représentent les murs porteurs.
5. Regardez les poutres
Si vous observez des poutres qui s’appuient sur un mur, il est aisé de considérer que ce mur est porteur.
Autre considération concernant les poutres : celles-ci peuvent être invisibles à l’œil nu, positionnées juste au-dessus d’une cloison de même épaisseur.
Pour démasquer une poutre cachée, toquez en partie haute des murs. Si une poutre est présente, vous devriez obtenir une sonorité différente entre la poutre et le matériau sous-jacent qui constitue donc une cloison.
6. Mettez la tête dans le faux-plafond
Pour en savoir plus, il va falloir fouiller un peu. Si vous pouvez accéder au faux-plafond, observez la jonction entre la tête des murs et le plancher. S’il s’agit de cloisons, vous pourrez observer un jeu entre le plancher et le mur.
7. Examinez la forme des dalles de plancher
Les appuis d’une dalle sont forcément porteurs. En gardant ceci à l’esprit, il est donc possible de deviner quel mur est porteur et quel mur ne l’est pas, en observant les dalles.
Au sujet des appuis de dalles, il est important de retenir les points suivants :
- Une dalle fortement rectangulaire est a priori appuyée sur deux appuis,
- Une dalle carrée est souvent appuyée sur quatre appuis, surtout s’il s’agit d’une dalle en béton coulée en place. Ce qui signifierait que les quatre murs de la pièce sont porteurs. Mais ce n’est pas certain puisque cette dalle peut également porter sur deux appuis. Cela est d’autant plus vrai s’il s’agit d’une dalle en prédalles ou en poutrelles.
8. Observez la sous-face de dalle
Si vous avez accès au-dessous du plancher, et également accès au faux-plafond, vous pouvez analyser les points suivants :
- Si vous observez un plancher en poutrelles en acier (vieux immeubles) ou en béton sur les constructions plus récentes, alors les poutrelles sont appuyées sur des murs porteurs,
- Si vous observez de gros joints en sous-face de dalle, le plancher est constitué de prédalles. Le sens du joint indique comment celles-ci sont portées et donc, quels sont les murs porteurs,
- Si vous n’observez rien en sous-face de dalle, vérifiez que vous n’êtes pas en train d’observer le faux-plafond,
- Si vraiment vous n’observez rien en sous-face de dalle, le plancher est sûrement une dalle pleine et béton coulé sur place. Pour vérifier cette hypothèse, regardez si vous voyez des petites balèvres rectilignes : ce sont les joints des contreplaqués qui sont servis au coffrage de la dalle. Dans ce cas, sans les plans de ferraillage de la dalle en béton armé, il est difficile d’évaluer les appuis de la dalle, c’est-à-dire les murs porteurs,
- Si vous ne pouvez pas accéder à l’espace caché par le faux-plafond, descendez à la cave. Il n’y a jamais de faux-plafonds dans les caves et vous pourrez facilement observer la sous-face du plancher du rez-de-chaussée, pour découvrir quels sont les murs porteurs. En effet, 95 % du temps, les murs porteurs sont superposés de la cave au grenier.
Les spécificités en zone sismique pour savoir si un mur est porteur ou non
En zone sismique, il est un peu plus compliqué de savoir si un mur est porteur. Il en existe, en effet, deux types :
- Les murs porteurs “classiques”,
- Les murs de contreventement.
Les deux types de murs servent à porter le bâtiment en contrant la gravité. Les murs de contreventement possèdent une fonction supplémentaire. Ces derniers sont indispensables pour contrer une poussée horizontale qui survient en cas de séisme.
Réaliser une ouverture dans un mur de contreventement est généralement une idée à proscrire, bien que ce ne soit pas techniquement totalement impossible. Cela s’explique par le fait qu’en remplaçant un mur porteur par un linteau qui va porter les charges verticales, la rigidité de l’ouverture créée est très faible par rapport à celle du mur.
La seule solution qui peut être envisageable pour créer une ouverture dans un mur de contreventement est d’utiliser un cadre métallique.
Les murs de contreventement ne sont pas présents exclusivement en zone sismique. En dehors de ces zones, l’action du vent, des vibrations, etc. a également un impact sur les constructions.
Si vous pensez à ouvrir un grand mur porteur, dans une zone non sismique, il faut également veiller à recréer la rigidité du mur.
À propos des bâtiments anciens
Si vous, ou plutôt votre ingénieur, avez identifié une cloison comme non porteuse, faites encore une fois attention.
Beaucoup de vieux planchers, dans les immeubles anciens, fléchissent un peu avec le temps et finissent par mettre en charge les cloisons, même si ce n’était pas leur fonction d’origine lors de la construction du bâtiment. Ces cloisons qui deviennent porteuses avec le temps sont parfois appelées cloisons semi-porteuses.
Casser une cloison de ce type, même si à l’évidence celle-ci n’a pas été construite pour être porteuse, peut alors avoir des effets dramatiques.
En résumé, votre check-list pour savoir si un mur est porteur
- Mesurer l’épaisseur des murs et observer les différences,
- Observer la forme des dalles, allongées ou plutôt carré,
- Étudier la sonorité des murs,
- Découvrir des poutres.
Après avoir accédé au-dessus du faux-plafond :
- Observer s’il y a un jeu entre la tête de mur et le plancher,
- Se demander quel est le type de plancher (béton coulé en place, solives en bois, poutrelles métalliques ou en béton, prédalles, etc.),
- Vérifier au passage le bon état du plancher, que celui-ci ne fléchisse pas et ne mette pas en charge les cloisons.
- Si vous n’arrivez pas à accéder au faux-plafond, allez voir à la cave et observez les murs et les planchers.
Questions fréquentes pour savoir reconnaître un mur porteur
Afin de savoir si un mur est porteur, vous pouvez utiliser plusieurs indices. Les indices les plus simples à reconnaître sont, entre autres, la sonorité du mur, son épaisseur ou encore l’emplacement du mur. Découvrez toutes les astuces pour reconnaître un mur porteur en poursuivant votre lecture.
Oui. Il est important d’utiliser ce principe de sonorité avec précaution. En effet, plusieurs couches d’enduit peuvent parfois faire sonner creux en mur en pierre. Nous vous expliquons tout.